Après avoir exterminés les Indiens et annexés la partie occidentale de l’île, les Français par l’intermédiaire de Colbert, intègrent finalement en 1630 Saint Domingue à la Compagnie esclavagiste des Indes Occidentales. Pour son extrême rentabilité, cette presqu’île reçu alors comme surnom : la Perle des Antilles.
Découverte par le criminel navigateur Christophe Colomb, cette presqu’île nommée autrefois Ayiti par les Indiens Taïnos, allait connaître un autre destin.
La France y déporta quelques millions d’hommes, de femmes et d’enfants d’Afrique noire qu’elle ose dire aujourd’hui qu’elle a « acheté » le long des côtes à des pseudo-rois [2], pour les mettre en esclavage. Cette merveille des Antilles devint alors le siège commercial du diable !
En l’an 1774 seulement, sur 562 navires négriers qui quittèrent les plantations antillaises pour la métropole française, 353 provenaient d’Haïti, soit 63 % du total, pour une valeur marchande totale de 126 000 000 de livres, se décomposant comme suit :
- 62 millions de sucre
- 30 millions de café
- 11 millions de coton
- 23 millions d’Indigo
Sans oublier l’or et l’argent provenant des mines.
Sur les registres français du commerce, pour la seule année 1788, la valeur des biens produits par Haïti avait rapporté 129 000 000 de livres (café, sucre, cacao, roucou, bois de teinture, indigo, or et argent….).
Si par un jeu rapide d’équivalence, nous convertissons la livre tournois de l’époque en euros actuels, pour la simple année 1788, nous obtenons, tenez-vous bien : 1 935 000 000 d’euros/ ans.
Ainsi, 30 000 colons esclavagistes français ont maintenu en esclavage plus de 600 000 captifs africains durant plus de 2 siècles, pour y produire entre autre, les ¾, de la production mondiale de sucre. Le bénéfice pour les Français est Elf, que dis-je Total ! (on se comprend !).
La mortalité étant la plus élevée, il fallait introduire chaque année 50 000 à 100 000 nouveaux captifs. La terreur et la bestialité atteignaient alors des sommets. Les 30 000 mulâtres furent exclus du jeu du pouvoir par des blancs jusqu’au-boutistes qui leur laissa posséder néanmoins des plantations.
Arrive alors Ogé en 1790, un mulâtre fortuné qui tente d’imposer l’égalité civique pour tous. Il finira écartelé le 25 février 1791 par les colons Blancs français, fidèles défenseurs de la « White Supremacy » version KKK ! . C’est alors que Boukman, un prêtre vaudou, à la tête d’une troupe d’élite d’esclaves déportés vers les camps de concentration commerciaux français des Amériques, va invoquer du 14 au 23 août 1791, la divinité africaine lors d’une cérémonie qui resta mémorable dans l’histoire des Noirs de l’île : la cérémonie du Bois Caïman.C’est le début officiel de la révolte et les colons blancs y ont laissé leur…. peau !
Cérémonie du Bois Caïman
Lorsque le 29 aôut 1793, Sonthonax annonça la fin de l’esclavage sur l’île, avant le décret officiel de la Convention du 4 février 1794, un certain Toussaint devint l’homme fort du pays.
Il prit alors la direction de l’île, annexa la partie espagnole de Saint-Domingue et mena l’île vers des nouveaux sommets de rentabilité avec des hommes et des femmes libres, cette fois.
Mais à Paris, Napoléon qui vient d’officialiser la création de la Banque de France et négocier la paix avec les Anglais, veut remplir les caisses et assurer pour les siens, le contrôle économique de l’île en rétablissant l’esclavage. C’est alors que Toussaint Louverture passa à l’action en unifiant Noirs et métis afin de faire front commun contre les milliers de soldats envoyés par l’Empereur pour mater les Nègres.
Ainsi, le 14 décembre 1801, 36 navires que guerre emportant 23 000 soldats français, quittèrent Brest pour le Cap haitïen, sous le commandement de l’amiral Louis Thomas Villaret de Joyeuse. Dès leur arrivée, les hommes passèrent sous le commandement du général Charles Leclerc, mari de Pauline Bonaparte et beau-frère du Premier Consul.
Une autre expédition militaire de 3500 hommes prit la direction de la Guadeloupe pour, après une guerre terrible, rétablir l’esclavage. Mais en Haïti, l’entreprise militaire se solde par un désastre total.
Toussaint Louverture
Le 7 juin 1802, Toussaint, après avoir rédigé la 1ère Constitution du pays, accepta de converser avec Leclerc à propos de l’arrêt de l’entreprise napoléonienne. Mais il est capturé par traîtrise par ce dernier. C’était en fait un piège tendu au leader noir par les Français dont le code de l’honneur tomba une nouvelle fois, plus bas que terre.
Déporté vers l’hexagone, Toussaint mourra dans le Jura au fort de Joux, le 7 avril 1803. « En me renversant, on n’a abattu à Saint-Domingue que le tronc de l’arbre de la liberté, mais il repoussera car ses racines sont profondes et nombreuses », avait-il prédit.
Débarrassé de Toussaint, les Français pensent alors être sur un boulevard en Haïti. Après le décès de Leclerc atteint de fièvre jaune et d’une partie des troupes françaises restante, le vicomte Donatien de Rochambeau alors commandant, arrivent avec 10 000 hommes mais aussi…. des centaines de chiens de combat affamés qui furent lâchés contre la population. La cruauté française est alors au Zénith.
Mais entre alors en scène Jean Jacques Dessaline, adjoint de Toussain, qui va réduire à néant le projet de Rochambeau. Ainsi, sur 70 000 soldats envoyés pour mater les Nègres, 60 000 ont péri ! La victoire est mémorable, largement mondialisée, l’espoir est permis, la frayeur des colons des autres plantations gravit les derniers échelons, l’esclavage est définitivement abolit sur cette colonie !
La victoire est mémorable !
Cette victoire a fait dire à Anténor Firmin : « Chaque fois que j’entends un blanc dire qu’il est la race supérieure, je me contente d’esquisser un sourire en direction de Dessaline et de Toussaint ».
Jean Jacques Dessaline
Le 1er janvier 1804 l’Indépendance d’Haïti est proclamée et l’un de ses articles proclame « qu’aucun blanc, quelle soit sa nation, ne mettra pied sur ce territoire à titre de maître ou de propriétaire et ne pourra à l’avenir y acquérir aucune propriété ».
Mais en 1825, le roi de France Charles X assomme les espoirs de l’île en la menaçant une nouvelle fois militairement. Leur indépendance, les anciens captifs devront la payer aux colons français, 150 000 000 de francs or, ramenée par la suite à 90 000 000, soit 1 350 000 000 euros actuels.
Les forces coloniales françaises exigent 30 millions tout de suite et imposent alors un prêt avec 6 millions d’intérêt. La France exige un blocus international contre l’île et encore un remboursement avec les denrées de son choix, ce qui va entraîner la ruine totale de l’économie haïtienne.
Le citoyen haïtien est spolié par la France mais paie jusqu’en 1972 avec plusieurs millions d’intérêts en plus, la totalité de la dette [4]. Rappelons que Jules Ferry fut particulièrement menaçant pour le paiement de cette dette, vu qu’il avait besoin d’argent pour financer la colonisation de l’Afrique.
Durant la révolution française, on coupe la tête du roi mais pas celle de la dette haïtienne mais on ose dire aujourd’hui sur France info, qu’Haïti doit encore à la France 63 millions d’Euros, au FMI, si ou ça. N’oubliez jamais que l’or de la Banque de France est celui des Haïtiens.
Obama…, non… au bas mot, le remboursement d’Haïti et le dédommagement des citoyens pour le mal fait à ces hommes et à ces femmes qui ont osé défié le diable français reviendrait à : 129 000 000 x 200 ans + 150 000 000 + 100 000 000/an * 15 = 610 milliards d’euros.
Toute l’aide mondiale est encore loin de ce montant de 610 milliards d’euros, au bas mot !
Ainsi, la situation économique et sociale d’Haïti est largement imputable aux Français qui ont laminé les fondations géopolitiques du pays et oeuvré assidument pour son échouage. Échouage qui sert encore les intérêts français lorsqu’en période de référendum, on demande aux Antillais s’ils veulent être indépendant, tout en les menaçant du sort d’Haïti.
extrait d'un article de Jean-Philippe Omotunde parût sur le site africamaat
http://www.africamaat.com/Haiti-Souffrance-chaos-et-dignite