Cheikh Anta Diop est né le 29 décembre 1923 dans le village de Caytou situé dans la région de Diourbel (en pays Baol-Cayor), près de la ville de Bambey à environ 150 km de Dakar, au Sénégal.
1938 - 1945 : Études secondaires à Dakar et Saint-Louis. Il obtient, en 1945, ses baccalauréats ("brevet de capacité colonial correspondant au baccalauréat") en mathématiques et en philosophie.
1946 : Arrivée à Paris au cours de l'année 1946. Il s'inscrit en classe de Mathématiques Supérieures, son but étant de devenir ingénieur en aéronautique. En attente de la rentrée de l'année 1946-1947, il s'inscrit en Faculté des Lettres de la Sorbonne en philosophie. Il suit, en particulier, l'enseignement de Gaston Bachelard.
1947 : Cheikh Anta Diop poursuit, parallèlement à ses études, ses recherches linguistiques sur le wolof et le sérère, langues parlées au Sénégal. Il entre en relation avec Henri Lhote (le découvreur des fresques du Tassili, au Sahara).
1948 : Il achève sa licence de philosophie et s'inscrit en Faculté des Sciences. Il publie sa première étude de linguistique, Étude linguistique ouolove – Origine de la langue et de la race valaf, dans la revue "Présence Africaine" créée par le grand homme de culture Alioune Diop en 1947, qui fondera la maison d'édition Présence Africaine puis la Société Africaine de Culture (SAC). La même année, Cheikh Anta Diop publie, dans un numéro spécial de la revue "Le Musée Vivant", un article intitulé Quand pourra-t-on parler d'une renaissance africaine ? en partie consacré à la question de l'utilisation et du développement des langues africaines, et dans lequel Cheikh Anta Diop propose pour la première fois de bâtir les humanités africaines à partir de l'Égypte ancienne.
1949 : Il fait inscrire sur les registres de la Sorbonne le sujet de thèse de doctorat ès-Lettres qu'il se propose de traiter, sous la direction du professeur Gaston Bachelard, et qui s'intitule "L'avenir culturel de la pensée africaine".
1950 : Il obtient les deux certificats de chimie : chimie générale et chimie appliquée.
Retour au Sénégal pendant l'hivernage (juillet-août) de l'année 1950. Il donne, à Dakar et Saint-Louis, plusieurs conférences dont la presse se fait l'écho :
— "Un enseignement est-il possible en Afrique dans la langue maternelle ?",
— "Nécessité et possibilité d'un enseignement dans la langue maternelle en Afrique",
— "Les fondements culturels d'une civilisation africaine moderne".
1951 : Inscription sur les registres de la faculté de son sujet de thèse secondaire "Qu'étaient les Égyptiens prédynastiques", sous la direction du professeur Marcel Griaule. .
Il donne plusieurs conférences :
1952 : C'est dans le bulletin mensuel de l'AERDA, "La Voix de l'Afrique noire" de février 1952, dans un article intitulé "Vers une idéologie politique africaine", que Cheikh Anta Diop pose pour la première fois en Afrique francophone, sous leurs multiples aspects, culturels, économiques, sociaux, etc., les principes de l'indépendance nationale et de la constitution d'une fédération d'États démocratiques africains, à l'échelle continentale.
1953 : Dans le bulletin mensuel de l'AERDA, "La Voix de l'Afrique noire" de mai-juin 1953, il publie l'article "La lutte en Afrique noire". Il quitte le secrétariat général de l'AERDA.
1954 : Nations nègres et Culture — De l'antiquité nègre égyptienne aux problèmes culturels de l'Afrique noire d'aujourd'hui paraît aux Éditions Présence Africaine. Ce livre est en fait le texte des thèses principale et secondaire destinées à être soutenues en Sorbonne en vue de l'obtention du doctorat d'État ès Lettres ; mais aucun jury ne put être formé. A propos de cette œuvre maîtresse de Cheikh Anta Diop, Aimé Césaire écrit : "… Nations nègres et Culture — [livre] le plus audacieux qu'un Nègre ait jusqu'ici écrit et qui comptera à n'en pas douter dans le réveil de l'Afrique" (Discours sur le Colonialisme, Paris, Présence Africaine, 1955).
1956 : Il se réinscrit en thèse d'État avec comme nouveau sujet principal "Les domaines du matriarcat et du patriarcat dans l'antiquité".
A partir de 1956 il enseigne la physique et la chimie aux lycées Voltaire et Claude Bernard, à Paris en tant que maître-auxiliaire.
Parution dans la revue "Présence Africaine" de l'article Alerte sous les Tropiques, texte qui préfigure son futur livre-programme : Les fondements culturels, techniques et industriels d'un futur État fédéral d'Afrique noire (1960).
Il participe au premier Congrès des Écrivains et Artistes noirs qui se déroule à la Sorbonne, à Paris. Il y apporte la contribution intitulée : Apports et perspectives culturels de l'Afrique qui paraît dans un numéro spécial de la revue "Présence Africaine".
1957 : Inscription sur les registres de la faculté de son sujet de thèse complémentaire : "Étude comparée des systèmes politiques et sociaux de l'Europe et de l'Afrique, de l'Antiquité à la formation des États modernes".
Il entreprend une spécialisation en physique nucléaire au Laboratoire de chimie nucléaire du Collège de France dirigé par Frédéric Joliot-Curie .
1959 : à Rome, il participe au second Congrès des Écrivains et Artistes noirs. Il y fait une communication portant sur L'Unité culturelle africaine qui paraît dans un numéro spécial de la revue "Présence Africaine".
1960 : Le 9 janvier 1960, il soutient, à la Sorbonne, sa thèse de doctorat d'État en lettres. Elle est publiée aux Éditions Présence Africaine sous les titres : L'Afrique noire précoloniale et L'Unité culturelle de l'Afrique noire. Le préhistorien André Leroi-Gourhan était son directeur de thèse, et son jury était présidé par le professeur André Aymard, alors doyen de la faculté des Lettres. La mention honorable lui a été attribuée. Un reportage sur la soutenance de cette thèse, qui a duré plusieurs heures, a été réalisé par le journaliste Doudou Cissé et diffusé sur les ondes de la Radiodiffusion d'Outre-Mer. On peut aussi se référer à l'article de Bara Diouf paru dans "La Vie Africaine", n° 6, Paris, mars-avril 1960. Sa thèse de doctorat porte la dédicace suivante : "A mon Professeur Gaston Bachelard dont l'enseignement rationaliste a nourri mon esprit".
La même année, sort la première édition du livre Les fondements culturels, techniques et industriels d'un futur État fédéral d'Afrique noire.
Retour définitif au Sénégal en 1960 : "Je rentre sous peu en Afrique où une lourde tâche nous attend tous. Dans les limites de mes possibilités et de mes moyens, j'espère contribuer efficacement à l'impulsion de la recherche scientifique dans le domaine des sciences humaines et celui des sciences exactes. Quand à l'Afrique noire, elle doit se nourrir des fruits de mes recherches à l'échelle continentale. Il ne s'agit pas de se créer, de toutes pièces, une histoire plus belle que celle des autres, de manière à doper moralement le peuple pendant la période de lutte pour l'indépendance, mais de partir de cette idée évidente que chaque peuple a une histoire." (Cheikh Anta Diop, interview in "La Vie Africaine", n°6, mars-avril 1960, p. 11).
Le 1er octobre 1960, il est nommé assistant à l'Université de Dakar pour travailler à l'Institut Français d'Afrique Noire (IFAN). Il ne lui est confié aucun enseignement en sciences humaines.
1961 : Cheikh Anta Diop entreprend de créer un laboratoire de datation par le Carbone 14 (radiocarbone) au sein de l'IFAN de Dakar alors dirigé par le professeur Théodore Monod. De nombreux domaines peuvent bénéficier de l'existence d'un tel laboratoire : l'archéologie, la préhistoire, l'histoire, la géologie, la climatologie … Des relations de travail seront établies entre l'IFAN et le CEA français (Commissariat à l'Énergie Atomique)/CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique français) au travers, entre autres, de Jean Le Run, qui avait monté le premier ensemble de datation par le radiocarbone du CNRS à Gif-sur-Yvette, de Jacques Labeyrie, Directeur du CFR (Centre des Faibles Radioactivités) et Georgette Delibrias (Directrice du Laboratoire du Radiocarbone du CFR).
1962 : Il dirige la construction des locaux du laboratoire de datation.
En raison de son activité politique il est emprisonné de mi-juillet à mi-août 1962 à la prison de la ville de Diourbel. Un non-lieu sera finalement prononcé.
Il réalise en septembre de cette année, avec Jean Le Run, à Gif-sur-Yvette, la première datation de l'homme d'Asselar.
Il achève L'inventaire archéologique du Mali, étude qui lui avait été confiée par Théodore Monod.
1963 : Achèvement de la construction du laboratoire et début de l'équipement des différentes salles du laboratoire. Cheikh Anta Diop refuse les postes ministériels qui sont proposés par Léopold Sédar Senghor au BMS. Une telle acceptation aurait signifié un renoncement au programme du BMS.
Dissolution du BMS, en octobre 1963, par le gouvernement sénégalais. Cheikh Anta Diop crée aussitôt un autre parti qui sera à son tour dissous l'année suivante.
1966 :Le laboratoire de datation commence à fonctionner.
A l'exception de celui de la Rhodésie du Sud, c'est, alors, l'unique laboratoire de Carbone 14 existant en Afrique noire. Les résultats des datations des échantillons archéologiques sont publiés dans le Bulletin de l'IFAN et la revue internationale Radiocarbon.
Il reçoit avec feu le professeur W.E.B. Du Bois, le prix du 1er Festival des Arts Nègres, récompensant l'écrivain qui a exercé la plus grande influence sur la pensée nègre du XXe siècle.
1967 : Parution de Antériorité des civilisations nègres : mythe ou vérité historique ? (Présence Africaine). Cheikh Anta Diop répond à l'ensemble des critiques qui lui ont été faites depuis la parution de Nations nègres et Culture, en particulier celles exprimées par les africanistes Raymond Mauny, Jean Suret-Canale, etc.
1968 : Parution de l'ouvrage : Le laboratoire du radiocarbone de l'IFAN (IFAN, Dakar) qui est un descriptif de l'installation mise en place et rassemble les mesures de stabilité des compteurs effectuées du 20 décembre 1966 au 30 mai 1967. Il contient également les résultats des premières dates obtenues de trois échantillons fournis respectivement par le professeur Théodore Monod, le laboratoire de Saclay/Gif-sur-Yvette et une mission archéologique britannique en Gambie.
|