L'omnipotent Président de la République Française a encore fait parler de lui ce Mardi 15 Novembre en annonçant que les bénéficiaires du revenu de solidarité active (R.S.A) actuellement versé chaque mois à plus de 2 millions de personnes sur le territoire serait soumis à conditions.
Le "motif" a nécessité l'invention d'une nouvelle expression pour stigmatiser les pauvres, à savoir la "Fraude sociale". Voici quelques unes des paroles du Président de la République relevées par le Nouvel Observateur :
"voler la Sécurité Sociale, c'est trahir la confiance de tous les Français".
"La fraude, c'est la plus terrible et la plus insidieuse des trahisons de l'esprit de 1945. C'est la fraude qui mine les fondements même de (la) République sociale voulue au sortir de la Résistance en 1945", a déclaré le chef de l'Etat. "Frauder, que dis-je, voler, voler la Sécurité sociale, c'est trahir la confiance de tous les Français et c'est porter un coup terrible à la belle idée nécessaire de solidarité nationale".
Le Nouvel Observateur évoque également des premières critiques à chaud de la gauche pour qui le premier problème est la fraude fiscale qui fait perdre plus de 20 Milliards d'euros à l'état, mais Nicolas Sarkozy n'est pas du genre à mordre la main de ceux qui le nourrissent encore, à savoir les riches.
Le souhait du chef de l'état est que chaque bénéficiaire de l'allocation travaille 7 heures par semaine, ce qui devrait rembourser à l'état une partie de l'argent versé en récupérant des taxes sur les salaires et sur la productivité des entreprises ; voire rendre le versement du R.S.A sans perte pour l'état ou rentable. Un rapide calcul nous montre qu'il serait facilement possible de récupérer 1/4 du budget.
Si on suppose arbitrairement que les charges patronales seront inférieures à la normale étant donné le dispositif mais qu'elles existent néanmoins, on peut supposer que chaque heure travaillée rapporte au bas mot 4 € à l'état (en prenant en compte les taxes liées à l'augmentation de la productivité de l'entreprises). Donc 4 € x 7 heures de travail = 28 € dans la poche de l'état. Il y a 4 semaines par mois donc on arrivera à une moyenne d'environ 112 € par mois ce qui représente plus du quart du montant de l'aide versée à l'état pour le R.S.A socle qui représente environ 410 € pour les bénéficiaires.
En plus d'être une manœuvre politique injuste et discriminatoire, l'annonce paraît une fois de plus vouée à récupérer les voies de l'extrême droite, Marine le Pen et le front national sont toujours très hauts dans les sondages,
même sur celui actuellement en cours sur TradeZone.fr. Cette mesure sera certainement annoncée à tort comme une mesure censée favoriser le retour à l'emploi et comme une mesure indispensable à la stabilité du budget en ces temps de rigueur budgétaire ; les dirigeants brandiront sans doute l'argument de la crise de l'euro, de la faible croissance et de la rigueur budgétaire soit disant indispensable pour éviter d'être pénalisés par les agences de notations.
Cette nouvelle annonce du chef de l'état amplifie un fossé déjà trop grand entre les couches de populations en France. Quand les grands patrons français gagnent en moyenne plus de 300 fois le salaires de leurs employés et quand des entreprises comme Total sont exonérées de charges depuis des années (merci au Canard enchaîné d'avoir révélé cette injustice), quand l'état dépense nos impôts dans des conflits armés ou des missions de "maintient de la paix" pour ne pas pas dire "d'exploitation injuste des ressources de l'Afrique", quand le gouvernement ne veut pas revenir sur les avantages donnés aux riches et continue à ruiner les citoyens au profit des banques, il y a un problème.
Qui sont les bénéficiaires du R.S.A ? N'oublions pas que la plupart d'entre eux n'ont pas accès à l'emploi pour diverses raisons, la première parce qu'il n'y a plus de travail pour tout le monde après des décennies de dés-industrialisation et d'une économie basée avant tout sur les services et propice aux délocalisations.
Les services publics qui coûtent de l'argent à l'état sont remplacés petit à petit par des entreprises privées (traité de Maastricht 1994)
La recherche et l'éducation ont également été la cible des gouvernements avec pour incidence des coupes budgétaires et beaucoup moins de personnel. Or ces points font aussi partie des moteurs du pays mais il ont été fortement négligés par l'état. Les formations se sont adaptées au besoin des entreprises au détriment de la diversité nécessaire aux besoins du pays. Ainsi uniquement les secteurs qui sont encore rentables sont représentés dans les formations scolaires, ce qui limite grandement les possibilités de renouveau de certaines activité.
A cela il faut ajouter une discrimination de plus en plus forte et un racisme grandissant à peine voilé dans les écoles jusque dans les plus hautes sphères de l'état.
Ainsi, un enfant d'origine Africaine aura statistiquement moins de chances de réussir sa scolarité, donc de trouver un emploi, et aura plus de risques de se retrouver en chômage ou sans emploi. Dans de nombreux cas, les immigrés ou enfants d'immigrés qui s'en sortent sont contraints d'accepter des bas salaires et/ou des conditions de travail difficiles. Un enfant immigré aura plus de risques d'être dirigé vers des formations ou des secteurs professionnels peu rémunérateurs qui ne sont pas convoités par des Français de souche ou des personnes ayant un profil occidental. Par exemple beaucoup d'employés de chantiers ou de techniciens de surface sont immigrés ; en revanche il est plus difficile pour un immigré d'accéder à des postes à responsabilités, à des emplois de longue durée (beaucoup d'intérimaires sont immigrés), ou d'avoir ses chances lors d'un entretien d'embauche lorsque d'autres personnes occidentales à formations égales convoitent le poste. Cela vaut aussi pour l'accès au logement.
On peut donc dire qu'avant cette annonce tragique du chef de l'état, la politique sociale de la France était déjà en piteux états. Après des lois comme l'interdiction du port du voile dans les lieux publics ou la déchéance de Nationalité, le gouvernement de François Fillon aura fait un grand pas en arrière en ce qui concerne l'égalité des hommes et les libertés individuelles, et aura largement écorché l'image de la France déjà largement détériorée par un histoire coloniale tumultueuse dont elle paye aujourd'hui les frais. Car c'est bien de cette histoire que proviennent une partie des bénéficiaire du R.S.A, contraints de vivre dans un pays qui n'est pas le leur, trompés par des "valeurs" qui ne sont pas adoptées par les membres du gouvernement de François Fillon, ni portées par le président de la république Nicolas Sarkozy, qui une fois de plus tire le niveau des plus faibles vers le bas.
Affaire à suivre...