Haïti, encore en proie à la souffrance, que dit l’Afrique ?
Un texte tiré du journal le Potentiel de Kinshasa et écrit par Freddy Monsa Iyaka Duku, nous présente un point de vue africain que j’ai trouvé fort pertinent. Il a d’ailleurs été repris par le Courrier International.
Inutile de nier que les soubresauts démocratiques d’Haïti ont été sponsorisé par la France et les USA. Haïti est un enjeu notoire pour ces anciennes nations esclavagistes.
Aussi, le Monde Noir doit se mobiliser pour défendre les siens. Il y a d’énormes intérêts en jeu (pétrole, uranium...).
Mais tout de suite, voilà une voix africaine :
« Nul ne sait contrôler la nature ou arrêter sa fureur. Même les nombreux vaudous du peuple haïtien, avec leurs dons surnaturels, ont été incapables d’envoûter et de neutraliser la nature. On parle de malédiction qui s’abat sur ce peuple déjà meurtri par la pauvreté. On brandit l’incapacité du gouvernement, l’institutionnalisation de la corruption, l’inexistence de l’Etat, de l’administration... Mais ce pays est-il le seul au monde à réunir toutes ces tares ?
Haïti est en pleurs. Jamais ce pays n’a connu un tel tremblement de terre depuis 200 ans. Les images sont insoutenables. Des immeubles, des hôpitaux et des écoles se sont écroulés comme des châteaux de cartes. Le palais présidentiel n’a pas été épargné, la mission de l’ONU non plus. Le séisme a ravagé tout le pays et quasiment détruit la capitale, Port–au-Prince.
Alors, forcément, les questions s’enchaînent. Pourquoi le sort s’abat-il ainsi sur cette population déjà exsangue ? La malédiction ? C’est une piste que l’on ne peut écarter, car les secrets de la nature sont insondables. Mais nul ne sait de quel côté de la barrière se trouvent les vaudous : personne n’a la maîtrise de la nature ! Elle est capable de surprendre l’humanité et causer des dégâts considérables. C’est peut être ce qui est arrivé à Haïti.
Les scientifiques avaient prédit qu’un séisme se produirait dans cette partie du monde. C’était en 2007. Certes, dans leurs prévisions, les scientifiques ne fournissaient pas de données exactes sur sa date. Mais ils étaient affirmatifs.
Et, malgré cela, aucune disposition particulière n’avait été prise en Haïti. La vie a continué, comme si aucun danger ne menaçait. Et le pire est arrivé. Alors, à qui la faute ? On accuse en premier lieu le gouvernement d’avoir manqué à ses responsabilités politiques.
Comme au Japon, il fallait prendre des dispositions pour construire des habitations susceptibles de résister aux séismes. Hélas ! Haïti n’est pas le Japon pour disposer de dirigeants hautement responsables, du matériel nécessaire de prévention et de construction. Haïti figure parmi les pays les plus pauvres du monde : à la 146e place (sur 153) selon l’indice du développement humain. Haïti, selon les analystes, est un non-Etat.
La corruption y est institutionnalisée. Tout s’achète dans ce pays où règne la criminalité. C’est la réalité quotidienne haïtienne.
Comment ce pays situé au carrefour des civilisations est-il ainsi devenu le carrefour du commerce de la drogue, de la contrebande, du proxénétisme ?
Répondre à cette question, c’est évoquer la part de responsabilité de la communauté internationale. Découvert en 1492 par Christophe Colomb, ce pays a d’abord subi l’influence espagnole avant celles de la France et des Etats-Unis.
L’Afrique va t-elle rester muette devant cette catastrophe ?
Mais Haïti n’est pas le seul non-État dont les dirigeants se distinguent par leur insouciance criminelle, leur incapacité à organiser des institutions fortes, à sécuriser les populations...
Il existe d’autres Haïti sur d’autres continents, où même une calamité naturelle maîtrisable débouche toujours sur une catastrophe.
Il existe d’autres Haïti, où des responsables ont été placés au pouvoir par des ingérences étrangères. Ils pillent impunément leur propre pays, ne prennent aucune disposition pour faire face aux événements naturels.
Il existe d’autres Haïti dont les dirigeants ont perdu tout réflexe de dignité et se sont mis au service de puissances étrangères, des organisations internationales et se font les complices de leurs complots diaboliques par intérêt personnel.
Le cas haïtien doit interpeller tout le monde. »
Surtout en Afrique, qui reste muette devant cette catastrophe.
extrait d'un article de Jean-Philippe Omotunde parût sur le site africamaat
http://www.africamaat.com/Haiti-Souffrance-chaos-et-dignite