Omega
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Néophyte
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« Répondre #2 le: 05 Novembre 2009 à 13:14:47 » |
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La France, tu l’aimes en arrivant, tu la détestes en la quittant.
On se souvient de la terrible phrase prononcée le 22 avril 2006 par le candidat Sarkozy racolant les voix de l’extrême droite : "Si certains n’aiment pas la France, qu’ils ne se gênent pas pour la quitter". Après son élection, il y eut la création du ministère de la Honte, celui de l’Immigration et de l’Identité nationale, qui mit avec zèle en application l’ignoble politique des quotas d’expulsés. Brice Hortefeux d’abord, aujourd’hui Eric Besson : le ministre a changé, pas les pratiques. Pire, on ne cesse de progresser dans l’abjection, si bien qu’aujourd’hui, pour répondre à la phrase du pyromane de l’Élysée, on ne peut plus aimer cette France-là, désormais indigne de son appellation d’autrefois de "patrie des droits de l’Homme".
C’est par exemple ce citoyen angolais en situation irrégulière, Helder Dos Santos qui, "malade et gravement handicapé, était venu en toute confiance pour un cpamrendez-vous pris le 3 février dernier avec vos services pour examiner son dossier social", dénonce Hubert Trapet, président d’Emmaüs de l’Yonne, qui hébergeait le clandestin, dans une lettre adressée à la Caisse primaire d’assurance maladie locale : "Au lieu de cela, vos services ont appelé la police qui est venue procéder à son interpellation sur place". Joli piège : vous pensez venir vous renseigner sur la prise en charge des dépenses liées à votre maladie, vous en ressortez entre deux policiers, direction le centre de rétention ! Avec Hubert Trapet, on ne peut que "protester vivement contre une telle pratique de délation par la Caisse primaire (...), organisme porteur délationd’un idéal de solidarité à l’origine de la fondation de l’assurance sociale dans notre pays". On se souvient qu’en juin 2008, c’est une assistante sociale qui avait dénoncé un clandestin à la police, comme l’avocat blogueur Maître Éolas l’avait révélé. Ce retour aux pratiques de Vichy est du reste encouragé au plus haut niveau, le porte-parole du parti majoritaire justifiant la délation/dénonciation comme "un devoir républicain", après que "Le nouveau ministre de l’Immigration a signé jeudi une circulaire permettant à des sans-papiers d’obtenir des titres de séjour en échange d’une "coopération" avec la police", comme le raconte Le Parisien, en France.
"J’attache une importance toute particulière à l’accueil des personnes à la rue. Cet accueil doit être inconditionnel. Quand quelqu’un est à la rue, il est dans une situation d’urgence et de détresse, on ne va pas lui demander ses papiers", disait Nicolas Sarkozy le 17 octobre 2007, dans son discours prononcé à l’occasion de la journée mondiale du refus de la misère. Mais on sait depuis longtemps ce que valent les déclarations humanistes du chef de l’État. Rien, comme vient de le rappeler le fait divers relaté par La Provence du 18 février dernier : "Après l’interpellation lundi d’un sans-papier, accueilli par les compagnons d’Emmaüs de La Pointe-Rouge (Marseille 8e), c’est une perquisition qui a eu lieu aujourd’hui, à l’initiative de la Police aux frontières (Paf) au sein de la communauté. Un des responsables a été placé en garde à vue pendant six heures et les policiers se sont rendus sur les lieux pour procéder à la saisie de divers documents relatifs à la présence d’éventuels sans-papiers hébergés par Emmaüs dans le cadre d’une enquête pour "aide au séjour irrégulier". Délicate précision apportée par Teddy Roudaut, chargé de communication d’Emmaüs France, les policiers ont saisi des "dossiers des compagnons ayant des noms à consonance étrangère". L’organisation a alors publié un communiqué révolté : "La criminalisation des centres d’accueil comme des communautés Emmaüs est inacceptable. Il s’agit de lieux où peuvent trouver refuge les personnes les plus démunies, quelles que soient la couleur de leur peau et leur situation administrative. Une telle perquisition est de nature à fragiliser gravement ces populations démunies. De même qu’il est intolérable de rechercher des personnes sans papiers dans des hôpitaux, à proximité des écoles ou des crèches ou dans les centres d’hébergement, de même il est inacceptable que les communautés Emmaüs soient l’objet de recherches de ces populations".
Ainsi va la politique Sarkoziste, dans une dérive de plus en plus grave. Les conventions internationales imposent-elles de garantir le droit à une vie familiale normale et une protection particulière des enfants ? La "patrie des droits de l’Homme" s’assoit dessus ! "La persécution des enfants est une constante de la politique anti-immigrés de M. Sarkozy. Elle lui avait valu le titre de Ministre de la Chasse à l’enfant quand il avait fixé au 30 juin 2006 l’ouverture de la chasse aux familles. M. Hortefeux avait largement gagné son titre de Ministre de la Rafle et du drapeau. M. Besson semble suivre la même voie", s’indigne Réseau éducation sans frontières, à l’indispensable vigilance, qui s’appuie hélas sur de nombreuses affaires récentes. C’est ainsi un garçonnet congolais de 8 ans, Chiden-Salamandre, qui a été arrêté à Roissy : "il est fils d’un père français mais vit avec sa maman à Pointe-Noire au Congo. Il est malade, aussi son père a-t-il décidé de le faire venir en Europe pour qu’il subisse les examens nécessaires. Il a envoyé de l’argent au Congo pour que l’enfant ait un visa. Or, ce matin, à l’arrivée de l’avion de Gabon Air Lines en provenance de Pointe-Noire via Cotonou, la police a constaté que le visa de l’enfant était faux. Conformément aux dispositions légales (et scandaleuses) en vigueur, l’enfant a été interpellé. Il est actuellement au poste de police du Terminal 1 de Roissy et sera probablement transféré en Zone d’attente (ZAPI, une sorte de prison pour étrangers qu’on souhaite empêcher d’entrer en France). Que des vérifications soient faites à la fois sur l’identité de l’enfant et celle des adultes qui l’accueillent est indispensable. Pour autant, la place d’un mineur qui n’a commis aucun délit n’est certainement pas au poste de police puis en zone d’attente. Il doit être admis sur le territoire et confié le temps de l’enquête aux services compétents de l’aide à l’enfance sous l’autorité d’un juge des enfants. C’est la seule solution humainement acceptable et conforme aux conventions internationales des droits de l’enfant. Chiden-Salamandre (...) doit être remis sans délai à son père puisque son identité est établie (son passeport est authentique) ainsi que celle de son père (qui a une carte d’identité française en cours de validité)." Réjouissons-nous, cette affaire-là est réglée : le petit bonhomme "vient d’être libéré et remis à son père, 12 heures exactement après qu’on a été prévenu. Rude bagarre dont on n’était pas certain de sortir gagnant. Innombrables coups de téléphone, communiqué, appels à la presse, intervention du cabinet de Besson, le gamin est sorti", nous informe RESF dans son communiqué en date du 21 février.
Mais le Réseau recense d’autres cas de jeunes victimes de l’acharnement d’État au nom des quotas : "Oumaïma (10 ans), Ayoub (7 ans) et Amine (3 ans) enfants de M. Barkous qui se cache ; Juliana (3 ans) qui pleure son papa, Shixiong Lin (27 ans) réexpédié hier en Chine sans sa fille et sa femme. Le Cabinet du ministre était au courant ; Davidson (3 ans) et sa demi-sœur Roseline (4 ans) pleurent aussi leur père, Pierre Lapointe renvoyé hier en Haïti, pays qu’il avait fui il y a 9 ans. Le cabinet du ministre était au courant ; Élodie, 13 ans est, elle aussi quasi-orpheline depuis hier, mais de mère : Marie-Noelle M’Bani a été expulsée au Cameroun, laissant ici sa fille et son père français. Le cabinet du ministre était au courant.... Et la liste est longue!
Rien d’étonnant par conséquent à ce que la France fasse l’objet de condamnations internationales. Le commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe,Thomas Hammarberg, en visite en France du 20 au 23 mai dernier, a ainsi rendu un rapport publié le 20 novembre 2008, qui dénonce vigoureusement les pratiques en vigueur en Sarkozie : "Malgré la recommandation du rapport de 2006, la présence d’enfants accompagnant leurs parents en Centres de rétention administrative s’est accrue. (...) Depuis 2005, les autorités françaises ont pris la décision de déterminer en début d’année le nombre d’étrangers irréguliers qu’il convient d’éloigner volontairement ou non avant le 31 décembre. (...) le Commissaire craint que la pression engendrée par les objectifs chiffrés de reconduite à la frontière pousse les forces de l’ordre à procéder à de plus en plus d’interpellations avec des méthodes parfois contestables. Plusieurs associations ont fait état auprès du Commissaire d’un accroissement des contrôles "au faciès". (...) Évoquant la question des interpellations d’enfants étrangers, le ministre de l’Immigration a indiqué au Commissaire qu’il avait donné des instructions claires pour qu’aucune interpellation n’ait lieu dans, ou à proximité immédiate, des établissements scolaires.Toutefois, il apparaît que ces instructions ne sont pas pleinement mises en œuvre car plusieurs cas récents, dont un vérifié par la Défenseure des enfants, où des policiers ont réalisé des arrestations d’enfants dans l’enceinte même d’écoles primaires, ont été rapportés (Lire à ce sujet notre article du 1er décembre 2008). Une telle pratique est intolérable tant elle est traumatisante pour les enfants. Les écoles doivent rester des lieux d’enseignement et d’éducation et non des zones d’interpellations. Des interpellations ont également eu lieu dans l’enceinte même des préfectures. Il semble que certains services administratifs avaient mis en place des stratagèmes pour inciter les étrangers irréguliers à venir se présenter à la préfecture et les interpeller sur place. Si les convocations trompeuses à venir se présenter à la préfecture ont depuis été interdites par les juridictions françaises, les préfectures continuent de refuser de communiquer des informations par téléphone et requièrent la présentation des étrangers en préfecture. Dès lors, des étrangers continuent de se présenter au guichet en toute bonne foi pour déposer des demandes de régularisation ou s’enquérir de l’avancement de leur demande d’asile. En 2007, près de 600 étrangers ont ainsi été arrêtés et placés en rétention. La préfecture devient le lieu de tous les espoirs mais aussi de toutes les peurs entre possibilité de régularisation et risque d’arrestation.
Mais nous n’en avons pas encore fini, hélas, avec le rapport du Commissaire du Conseil européen aux droits de l’Homme, qui dénonce l’arbitraire des autorités face aux étrangers en situation irrégulière : "En juillet 2006 l’ "admission exceptionnelle au séjour" a remplacé la procédure de régularisation des sans papiers justifiant de dix ans de résidence en France. Etablie en 1997, cette procédure permettait aux étrangers irréguliers attestant de dix années de présence sur le territoire français d’obtenir un titre de séjour. Considérée comme donnant une prime à l’illégalité, le gouvernement a décidé de remplacer cette possibilité par la création d’un mécanisme de régularisation moins automatique. L’admission exceptionnelle au séjour offre une possibilité de régularisation pour des cas humanitaires, exceptionnels ou liés à l’exercice d’une activité professionnelle caractérisée par des besoins de main d’œuvre. Cette réforme a entraîné une diminution importante du nombre de personnes régularisées. Aucun texte ne définit précisément les critères et les preuves à apporter pour bénéficier d’une telle régularisation. Ceci accroît encore le caractère individualisé et potentiellement arbitraire de ce processus.
On le voit : tous les reproches qu’il fait à la France sont les mêmes que ceux des militants de RESF, de la Ligue des droits de l’Homme ou de l’opposition de gauche. C’est dire à quel point il est incontestable que la clique sarkoziste viole constamment et sciemment les conventions internationales, pour le seul bénéfice politique d’affichage aux yeux de l’extrême droite raciste à laquelle elle doit son arrivée aux affaires, et que l’appellation de ministère de la Honte est on ne peut plus justifiée. "Si certains n’aiment pas la France, qu’ils ne se gênent pas pour la quitter", Monsieur Sarkozy ? Mais cette France-là, ce que vous en avez fait, ne saurait inspirer d’autre sentiment qu’un profond mépris. Le même que celui que vous méritez personnellement, et avec vous tous ceux qui vous suivent, sarkozistes de tout poil, militants et sympathisants UMP, ministres, magistrats et fonctionnaires, de la préfectorale ou de la police, qui appliquent cette politique inhumaine.
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